Le 29 juin prochain, en Assemblée Plénière, le Conseil Général devrait approuver un nouveau Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PDEDMA), un Plan qui aura connu bien des vicissitudes depuis qu’il est de la compétence du Département. En effet, il y a à peine dix ans, les Conseillers Généraux étaient encore tous favorables à la construction de deux incinérateurs mais après un long et efficace travail de sensibilisation mené par les associations écologistes anti incinération, de nombreux élus ont revu leur position et à la suite du renversement de majorité en mars 2008, très logiquement la collectivité a élaboré, au grand dam de l’Etat, un nouveau Plan écartant l’option incinération.
29 octobre 2001, première conférence de presse anti incinération pour dénoncer le projet de PDEDMA de l'époque (avec Marie Cécile Seigle-Vatte).
Mais en 2010, le Préfet de La Réunion, sur la base d’une lecture biaisée de l’article 46 de la « loi Grenelle 1 », a rejeté le nouveau Plan en contestant l’abandon de la filière d’incinération et lui a reproché entre autre de ne pas donner une réponse claire à la question du traitement des boues des stations d’épuration. Aujourd’hui, Daniel Alamélou nouveau Vice Présidente délégué à l’Environnement, qui vient tout juste de succéder à Eric Fruteau, annonce qu’en accord avec les services de l’Etat, le PDEDMA a été modifié pour inclure la construction d’un incinérateur dont il nous assure qu’il ne servira qu’à l’incinération des boues de stations d’épuration et des déchets verts.
Nous sommes cependant en droit de nous poser la question : après avoir été écarté, l’incinérateur n’est-il pas en train de revenir discrètement par la petite porte ? En effet, l’argumentation de M. Alamélou n’est pas très solide. Il nous dit que « l’essentiel des boues sera utilisé en fertilisation agricole » et que l’incinération en concernera que les « surplus », or, les investissements et les coûts de fonctionnement d’un incinérateur font que cette « solution » n’est rentable que pour les gros gisements de boues issus de grandes stations d’épuration. Donc, la construction d’un incinérateur uniquement pour les boues et les déchets verts « en surplus » ne se justifie pas sauf si on projette sans vraiment le dire, de voir à terme cette installation incinérer aussi des déchets ménagers. L’incinération signifierait d’autre part l’abandon de la méthanisation des boues qui était pourtant une priorité du Plan. Car les boues d’épuration mais aussi les déchets d’élevages et agricoles et déchets industriels traités par méthanisation produisent une énergie renouvelable sous forme de biogaz pouvant être transformé en chaleur, électricité et carburant pour véhicules, ainsi qu'en amendement agricole de grande qualité. La méthanisation des boues est donc une voie pleine d’avenir c’est pourquoi le choix de mettre en place une installation d’incinération des boues constitue un signal très inquiétant.
D’autant plus que le PDEDMA repose pour l’essentiel sur le recours au tri mécano biologique (le TMB) dont nous avons déjà dit qu’il est un facteur de déresponsabilisation puisque c’est une technologie qui n’implique ni les producteurs ni les usagers, une machine se chargeant de trier à la place des usagers.
Tous ces éléments font que le PDEDMA proposé au vote des Conseillers Généraux le 29 juin, en choisissant l’incinération des boues d’épuration fait planer une menace sur les opportunités de production d’énergie renouvelable offertes par leur méthanisation, il ne permet pas non plus, du fait du recours au tri mécano biologique, la mise en place d’une véritable et audacieuse politique de création d’emplois de proximité dans le domaine de la valorisation et du recyclage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire