C’est aujourd’hui 14 septembre que s’ouvre à Paris la Conférence Environnementale avec
quatorze ministres et 300 participants (ONG, syndicats, entreprises). Ce premier grand rendez-vous du gouvernement
avec l’écologie est d’autant plus
attendu que l’éviction brutale de la 1ère Ministre de l’Ecologie,
Nicole Bricq, victime du lobby des pétroliers, les positions pro nucléaire de
plusieurs Ministres et le discours du Président de la République axé uniquement
sur les vertus supposées de la croissance et du PIB, font peser de sérieux
doutes sur la capacité du nouvel exécutif à rompre avec l’ancien modèle
économique. L’un des enjeux de la Conférence est la question de la
« transition énergétique ». C’est à dire, le passage d’un modèle
énergétique reposant sur les ressources fossiles à un modèle où prédominent les
énergies renouvelables. Or, sur ce plan, La Réunion est en régression, le taux
de pénétration des énergies renouvelables dans la production électrique, y est
passé de 47 % en 2000 à 32,5 % en 2009. L’objectif d’autonomie énergétique
s’éloigne définitivement, notamment avec l’arrivée de la nouvelle centrale au
fuel du Port. Le projet phare du gouvernement précédent, GERRI, n’est plus
qu’une coquille vide et le projet
VERT (Véhicules Electriques pour une Réunion Technologique) lancé en grandes
pompes le 19 janvier 2010 à Saint-Pierre par Nicolas Sarkozy qui devait à
l’origine se traduire par une « première mondiale », la
commercialisation massive de véhicules électriques sur notre île en 2012, est
un échec.
Un autre enjeu de la Conférence est la mise en place d’une Stratégie
Nationale pour la Biodiversité (SNB) qui permettrait d’inciter
(contraindre ?) les élus locaux à agir en faveur des écosystèmes. Or, le
projet de la Nouvelle Route du Littoral, le plus gros chantier jamais envisagé
à La Réunion, est aussi celui qui fait peser le plus de menaces sur la
biodiversité terrestre et marine. Un moratoire sur l’artificialisation du
littoral réunionnais, le plus bétonné de tous les DOM, est indispensable pour
préserver ce patrimoine. L’étalement urbain sera aussi au programme, c’est une
préoccupation majeure pour la métropole mais vitale pour une petite île comme
La Réunion où le tout automobile empêche toute maîtrise de l’aménagement du
territoire. La Conférence aura le mérite de montrer que tout se tient,
transition énergétique, aménagement du territoire, politique de déplacement,
préservation de la biodiversité,
etc.
La question essentielle du financement sera aussi abordée avec la mise
en place d’une fiscalité écologique. Nul ne sait encore ce qui sortira de cette
Conférence Environnementale mais les atermoiements ne sont plus de mise, elle
devra engager la rupture avec le schéma productiviste. La Réunion, dont
l’addiction aux hydrocarbures est le résultat d’une politique absurde qui
favorise l’importation d’énergies fossiles, tourne le dos au développement durable. Les élus de tous bords qui
jouent depuis des semaines au poker menteur sur la question du prix des
carburants, sont-ils préparés à un éventuel retour de la taxe carbone ?
Rien n’est moins sûr.
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