dimanche 23 septembre 2012

NERVOSITÉ ET OPACITÉ AUTOUR DE LA NOUVELLE ROUTE DU LITTORAL

Didier Robert  vient d’installer un « comité de suivi » de la Nouvelle Route du Littoral. La conférence de presse qu’il a donnée dans la foulée fut  l’occasion de vérifier que les partisans  du tout automobile semblent perdre leur sang froid  face aux obstacles qui s’accumulent devant ce projet insensé. Comme Michel Vergoz il y a quelques jours, le Président de Région qu’on a connu plus pondéré, vient de se livrer à des attaques strictement personnelles contre les opposants à cette  véritable « autoroute » sur la mer. Il est vrai que le 25 septembre 2012, sur une question de la sénatrice Aline Archimbaud, le nouveau gouvernement va devoir enfin dire s’il s’implique ou non dans ce projet  rétrograde, mal ficelé et coûteux, soutenu depuis deux ans par le gouvernement de M. Fillon. D’autre part, comme il est légitime en pareil cas, l’opposition régionale a formulé un  recours en annulation visant la totalité de la déclaration d’utilité publique (DUP) accordée en mars dernier par le Préfet.  Et il y  aura certainement d’autres recours puisque une nouvelle  enquête publique  pour l’implantation de la route sur le Domaine Public Maritime (DPM) sera nécessaire, suivie, elle aussi d’un arrêté de DUP. Bref, il y a de quoi rendre nerveux le Président de Région.  D’autant plus que celui-ci est parfaitement informé des faiblesses de son projet, notamment sur le plan financier et environnemental. Personne ne croit que la route restera dans l’enveloppe prévue de 1,6 milliards. Or, c’est ce point crucial des accords de Matignon qui a véritablement obligé la Région à choisir la variante la moins coûteuse mais la pire sur le plan écologique. L’impact environnemental des deux digues monumentales prévues étant le plus destructeur pour la biodiversité terrestre et marine, cette variante est la plus exposée à des recours juridiques.

Didier Robert a beau vanter son souci de la transparence et se gargariser de formules volontaristes, il sait que ce projet  suscite de plus en plus d’interrogations et de contestations comme en témoigne l’avis défavorable émis par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN). Le CSRPN de La Réunion est une instance consultative constituée de 22 spécialistes reconnus pour leurs compétences scientifiques et nommés par arrêté préfectoral.  Habituellement consulté pour les questions relatives à la protection du patrimoine naturel, le Conseil Scientifique  a  été délibérément tenu  à l’écart du dossier de la Nouvelle Route du Littoral au point d’avoir été obligé de s’auto saisir pour émettre son propre avis. Cet avis émis à l’unanimité des présents et représentés, est clairement défavorable à la variante avec digues mais il n’a pas été  pris en compte dans le cadre de l’enquête publique comme le demandait pourtant le CSRPN. La  transparence a quand même des limites. Dans cet avis, le  Conseil Scientifique Régional épingle sévèrement le contenu du dossier d’étude d’impact : des études préalables imprécises, des erreurs, des oublis, des contradictions, des insuffisances dans l’évaluation des impacts qui  seront pourtant irréversibles sur « une falaise unique au monde », etc. Il critique aussi le  manque de sincérité de documents qui osent affirmer que les digues n’auront pas d’impacts en termes d’érosion du littoral alors que c’est l’une des conséquences les plus prévisibles et les plus graves de l’ouvrage sur digues. Le Conseil Scientifique interpelle donc le Préfet « sur un dossier contenant beaucoup de lacunes et d’incertitudes d’un point de vue environnemental »  et conclut en soulignant que le choix de la variante sur digues  « apparaît comme totalement inféodé au court terme ». Le Président de Région est en possession de cet avis depuis presque un an, il a certainement oublié  de le communiquer à son  « comité de suivi ».


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