Didier Robert a
beau vanter son souci de la transparence et se gargariser de formules
volontaristes, il sait que ce projet suscite de plus en plus d’interrogations et de contestations
comme en témoigne l’avis défavorable émis par le Conseil Scientifique Régional
du Patrimoine Naturel (CSRPN). Le CSRPN de La Réunion est une instance
consultative constituée de 22 spécialistes reconnus pour leurs compétences scientifiques
et nommés par arrêté préfectoral. Habituellement
consulté pour les questions relatives à la protection du patrimoine naturel, le
Conseil Scientifique a été délibérément tenu à l’écart du dossier de la Nouvelle
Route du Littoral au point d’avoir été obligé de s’auto saisir pour émettre son
propre avis. Cet avis émis à l’unanimité des présents et représentés, est clairement
défavorable à la variante avec digues mais il n’a pas été pris en compte dans le cadre de
l’enquête publique comme le demandait pourtant le CSRPN. La transparence a quand même des limites. Dans
cet avis, le Conseil Scientifique Régional
épingle sévèrement le contenu du dossier d’étude d’impact : des études préalables
imprécises, des erreurs, des oublis, des contradictions, des insuffisances dans
l’évaluation des impacts qui
seront pourtant irréversibles sur « une falaise unique au
monde », etc. Il critique aussi le
manque de sincérité de documents qui osent affirmer que les digues
n’auront pas d’impacts en termes d’érosion du littoral alors que c’est l’une
des conséquences les plus prévisibles et les plus graves de l’ouvrage sur
digues. Le Conseil Scientifique interpelle donc le Préfet « sur un dossier
contenant beaucoup de lacunes et d’incertitudes d’un point de vue
environnemental » et conclut en
soulignant que le choix de la variante sur digues « apparaît comme totalement inféodé au court
terme ». Le Président de Région est en possession de cet avis depuis
presque un an, il a certainement oublié
de le communiquer à son
« comité de suivi ».
dimanche 23 septembre 2012
NERVOSITÉ ET OPACITÉ AUTOUR DE LA NOUVELLE ROUTE DU LITTORAL
Didier Robert vient d’installer un « comité de
suivi » de la Nouvelle Route du Littoral. La conférence de presse qu’il a
donnée dans la foulée fut l’occasion de vérifier que les partisans du tout automobile semblent perdre leur
sang froid face aux obstacles qui s’accumulent
devant ce projet insensé. Comme Michel Vergoz il y a quelques jours, le Président
de Région qu’on a connu plus pondéré, vient de se livrer à des attaques strictement personnelles contre les opposants à cette véritable
« autoroute » sur la mer. Il est vrai que le 25 septembre 2012, sur
une question de la sénatrice Aline Archimbaud, le nouveau gouvernement va
devoir enfin dire s’il s’implique ou non dans ce projet rétrograde, mal ficelé et coûteux, soutenu
depuis deux ans par le gouvernement de M. Fillon. D’autre part, comme il est
légitime en pareil cas, l’opposition régionale a formulé un recours en annulation visant la totalité
de la déclaration d’utilité publique (DUP) accordée en mars dernier par le
Préfet. Et il y aura certainement d’autres recours puisque
une nouvelle enquête publique pour l’implantation de la route sur le
Domaine Public Maritime (DPM) sera nécessaire, suivie, elle aussi d’un arrêté
de DUP. Bref, il y a de quoi rendre nerveux le Président de Région. D’autant plus que celui-ci est
parfaitement informé des faiblesses de son projet, notamment sur le plan
financier et environnemental. Personne ne croit que la route restera dans
l’enveloppe prévue de 1,6 milliards. Or, c’est ce point crucial des accords de
Matignon qui a véritablement obligé la Région à choisir la variante la moins coûteuse mais la pire sur le plan écologique. L’impact environnemental des deux
digues monumentales prévues étant le plus destructeur pour la biodiversité
terrestre et marine, cette variante est la plus exposée à des recours
juridiques.
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