L’étroite bande de terrain située, à l’est de la
ville, entre la rue Léopold Rambaud et la N2 est bien connue des automobilistes
dionysiens souvent coincés dans les embouteillages. Elle est classée au Plan
Local d’Urbanisme de Saint-Denis
en zone UVl, c’est à dire en zone urbaine verte, donc inconstructible sauf
dérogations bien particulières.
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zone entre la N2 et la rue Léopold Rambaud (cliquer pour agrandir) |
Or, au 85 de la rue
Rambaud, depuis des mois, on a pu voir sortir de terre un ensemble de
constructions assorties de panneaux indiquant qu’allait bientôt ouvrir une
station de lavage de véhicules dénommée « LAV A MOINS +». Chose étrange : ce chantier
n’a longtemps arboré aucun panneau indiquant
l’existence d’un permis de construire.
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Le panneau de la station |
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Période de travaux sans affichage de permis de construire |
Il apparaît pourtant que la Mairie de Saint-Denis a
bien signé dès le 18 octobre 2010, il y a deux ans, sans appel à la concurrence, un bail avec la société « EURL SOGIS
INVEST » pour une « occupation précaire » de quatre
parcelles du domaine privé
appartenant à la régie funéraire. Elles sont mises à la disposition de la dite
société, non seulement pour une activité de lavage de véhicules mais aussi pour
l’exploitation d’un restaurant et la « vente d’accessoires et produits
divers ».
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bail signé par un adjoint n'ayant pas la délégation |
Le bail est de dix ans et spécifie que le preneur doit démarrer son activité dans
un délai de cinq mois à dater de la signature. Un avenant, signé le 17 février
2011, reporte le délai pour le démarrage à cinq nouveaux mois mais dans les
faits, un an et demi plus tard, aucune activité n’a encore commencé. Saisi par
un citoyen obstiné - et bien informé - qui s’étonnait des irrégularités,
l’adjoint délégué à l’urbanisme de la Mairie s’est empressé de signer, après le quasi achèvement
des travaux, un permis de construire précaire le 28 juin 2012.
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permis de construire précaire rétroactif |
Une telle désinvolture à l’égard du code des collectivités locales et du code de
l’urbanisme pose un certain nombre de questions. En effet, l’élu qui a signé le
bail et son avenant n’avait aucune délégation de signature pour le faire, ce
qui rend illégal ce document liant la commune et cet opérateur. Les quatre
parcelles en question étant propriété de la régie funéraire, la Mairie
avait-elle le droit de les louer à une entreprise privée pour exercer une
activité commerciale, sans aucun
appel à concurrence? Le bail
lui-même est une monstruosité juridique puisque, s’agissant de terrains du
domaine privé de la ville, il aurait dû prendre la forme d’un bail commercial,
or le document dans son article 1 prétend au contraire déroger à la législation
de droit commun. Pourquoi ? Pourquoi ce contrat permet-il,
contrairement à la réglementation sur les locations,
une sous-location à un exploitant qui n’est pas désigné dans le bail ?
L’autorisation aurait dû au demeurant être résiliée (article 7 B)
puisque la société n’a toujours pas respecté ses obligations contractuelles en
terme de délais, pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ?
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Deux ans après, la société n'a toujours aucune activité |
La situation
pourrait être même plus complexe puisque non seulement les parcelles sont
situées dans une zone
bénéficiant d’une protection
forte au titre du SAR mais elles semblent être, qui plus est, à l’intérieur de la zone des 50 pas géométriques (81 m du rivage) ;
elles relèveraient alors du Domaine Public Maritime (loi Littoral du 3 janvier
1986).
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extrait du cadastre |
Pourquoi le
permis de construire est-il postérieur aux travaux ? Pourquoi passe-t-il sous
silence un nombre impressionnant d’éléments : la régie funéraire comme
véritable propriétaire des terrains, l’objet de l’autorisation, une durée de
deux ans en contradiction avec le bail, etc. ? Une telle installation
est-elle compatible avec le classement en zone urbaine verte située dans
la zone des 50 pas géométriques ? Quid des équipements permettant de capter les
boues et les polluants en vue d’un retraitement par des entreprises
spécialisées ? Quid du dispositif autorisant le raccordement au réseau des
eaux usées ? Il est clair que notre promoteur une fois installé sur cette
zone stratégique pour le réaménagement du littoral dionysien, sera
difficilement délogeable dans dix ans s’il fait fonctionner une station de
lavage, un restaurant et un magasin.
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plus de 3500 mètres carrés : station mais aussi restaurant et magasin |
Enfin, un détail
nous interpelle : cette autorisation litigieuse a été accordée à une
société appartenant à un homme d’affaires ayant appelé publiquement en juin
2012 à voter aux législatives en faveur de la candidate socialiste à
Saint-Denis. Certes, c’est son droit le plus absolu mais il s’agit quand même
d’une bien étrange coïncidence. Saisi par un courrier que lui a adressé il y a
cinq mois notre citoyen obstiné, le Maire de Saint-Denis n’a pas daigné
répondre. Nous souhaitons donc que M. le Préfet, garant de l’état de droit et
du respect de la réglementation, s’exprime sur cette affaire.
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