Photo Imazpress |
Le dimanche 18
novembre 2012, la Région Réunion renouvellera son opération « Routeouverte » sur la route des Tamarins. Vélos, rollers, marche à pied, la
route sera ce jour-là dédiée aux
modes doux de déplacement et on peut être assuré que des animations
« festives » célébreront
la politique de développement durable du Conseil Régional et rappelleront opportunément
que Didier Robert a déclaré 2012, « année de l’écologie et de la
biodiversité ». Cette collectivité va même jusqu’à présenter cet événement
comme marquant « une volonté de
générer un changement de comportement en matière de déplacement et de
contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues aux
transports ».
La réalité est
hélas bien différente. En 2011, les ventes de 4 x 4 et de véhicules tout terrain ont augmenté de 53 % à LaRéunion (chiffres du Comité des Constructeurs Français
d’Automobiles). La part du transport collectif (bus et taxi) qui représentait il y a encore
vingt ans, près de 30 % des modes de déplacements, est aujourd’hui tombée à 6
%, les Réunionnais n’ont quasiment plus d’alternative à la voiture
individuelle.
Et la Région porte actuellement la responsabilité du plus grand projet routier
jamais entrepris à La Réunion, une
route pharaonique aux conséquences destructrices sur la biodiversité
terrestre et marine. Cette fameuse nouvelle route du littoral dont le coût réel
est d’environ 2,5 milliards d’euros pour
12 km, va notamment détruire le banc corallien des
Lataniers en baie de La Possession, une « formation remarquable sur le plan écologique », dont
l’Autorité Environnementale (Ministère de l’Écologie) rappelait dans un avis du
22 octobre 2009, qu’il devait être impérativement sauvegardé. Quant au Conseil
Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) de La Réunion, instance
constituée de vingt deux scientifiques locaux mais que la Région n’a pas consultée, il met en garde contre
les impacts environnementaux « irréversibles » qui résulteront des
digues monumentales nécessaires à un tel projet et contre la
perte de l’écosystème d’une « falaise unique au monde ».
Des digues monumentales exigeant 18 millions de mètres cubes de matériaux de remblai |
L’extraction
des 18 millions de mètres cubes de matériaux de remblai nécessaires exigera 550
000 rotations de camions pendant les sept années du chantier, soit 215
rotations par jours qui ne contribueront certainement pas « à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre ». Il est enfin fort probable que les nuisances
acoustiques provoquées par les travaux d’édification des piles du viaduc auront
un impact majeur sur la faune marine au point que les baleines à bosses
pourraient bien déserter les côtes de La Réunion. Si on ajoute que le littoral
réunionnais est déjà le plus bétonné de l’outremer, on saisit parfaitement tout
le cynisme de cette opération de communication du 18 novembre qui n’a d’autre but que d’occulter la régression de l’écologie et les lourdes menaces qui pèsent désormais sur la
biodiversité locale.
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