lundi 16 mars 2015

LE PARTI DE GAUCHE DE LA RÉUNION ET LA QUESTION DES DÉCHETS


Le Parti de Gauche (PG) de La Réunion vient de s’aventurer sur le terrain de la gestion des déchets en publiant dans la presse une tribune dans laquelle il évoque le Collectif citoyen « Zéro déchet» dont il affirme partager la critique des incinérateurs métropolitains et des multinationales qui accaparent le marché des déchets. Mais il s’en démarque en jugeant « inatteignable » et même « démagogique » l’objectif zéro déchet. Le PG reprend le refrain usé des politiciens locaux qui depuis 20 ans portent la responsabilité de l’échec de la politique des déchets, à savoir qu’il y a « urgence », que « les décharges débordent », qu’il faut savoir être « réaliste », etc.,  bref, on le sent venir, le Parti de Gauche  conclut « que l’incinérateur n’est pas à bannir » et se justifie en rappelant que d’autres industries sont polluantes,  donc, le passage par la filière incinération lui semble quasi obligé.
Pour argumenter, le PG exhibe des chiffres datant de 2008 selon lesquels La Réunion produit 1337 tonnes/jour de déchets ménagers et assimilés (DMA) par jour. Soyons précis et  informons le PG que La Réunion produit 646 tonnes/jour d’ordures ménagères résiduelles (OMR, chiffres 2011), catégorie plus fiable que les DMA dont le tonnage est très variable d’une année à l’autre.  Le Réunionnais ne produit en réalité pas plus de déchets que le métropolitain. 

Structure d'un centre d'enfouissement des REFIOMS


Sur le fond, la position du PG apparaît peu cohérente : on ne peut pas d’un côté dénoncer les multinationales et de l’autre accepter la mise en place d’une filière d’incinération des déchets en évoquant qui plus est la gestion citoyenne du service public ! Sur les impacts négatifs de cette filière, le PG ne dit mot des questions de santé publique qu’il semble prêt à sacrifier sur l’autel du réalisme, rien sur les émissions de plomb, de mercure, de cadmium, rien sur la déresponsabilisation des usagers qui résulte de cette filière, rien sur les dizaines de milliers de tonnes de résidus hautement toxiques (de mâchefers et REFIOMS) produites annuellement par la combustion et dont certains, les REFIOMS, devront être traités avant de les enfouir en créant un centre d’enfouissement spécial, rien sur le fait que, l’incinérateur devant fonctionner 24 h/24,  nombre de déchets pourtant recyclables sont en fait incinérés, etc. 



Quant à l’objectif « zéro déchet » défendu par nos amis du Collectif éponyme, il n’a rien d’utopique, il est même soutenu par le Ministère de l’Ecologie. A la différence des traitements traditionnels (incinération, TMB, etc.), il s’inscrit dans une démarche citoyenne visant précisément à changer notre rapport aux déchets que notre mode de consommation produit. L’exemple de San Francisco et de nombreuses villes européennes qui s’engagent efficacement dans cette démarche, en montre tous les avantages, notamment en termes de créations d’emplois pérennes et en termes de coûts, beaucoup moins élevés  que l’incinération ou l’enfouissement. Mais pour cela, il faut le courage de repenser entièrement notre mode de gestion des déchets et le soustraire aux multinationales en y associant les citoyens  qui deviennent ainsi acteurs de leur développement. 
Alors, camarades du Parti de Gauche, à vous d’affiner votre analyse si vous voulez vraiment d’une « gestion désintéressée au service des citoyens » !

1 commentaire:

Denise Delavanne a dit…

Bonjour, ou est le probleme ?Pascal Hoareau est à l'origine de la page Facebook du collectif et nous partageons régulièrement les articles et actions qui y sont proposées pour combattre les projets d'incinérateurs proposés localement; nous avons juste saisi l'occasion de l'interpellation du collectif pour les départementales pour répondre à ceux qui nous accusent d'etre d'accord avec ces projets, au sein du collectif et nous marginalisent .........ne polemiquont pas entre nous !!! Toujours disposés à militer pour "zéro déchets" (cad de moins en moins :)) à bientot