GERRI, c’est fini. Didier Robert, le Président du Conseil Régional, vient de
l’annoncer, la collectivité qu’il dirige se retire du projet GERRI. Pour mémoire,
GERRI, c’était « le premier enfant
du Grenelle de l’Environnement » comme disait Jean-Louis Borloo
lorsqu’il était Ministre de l’Ecologie. Effectivement, le 25 octobre 2007,
Nicolas Sarkozy, devant un parterre de personnalités dont Al Gore, clôturait le
Grenelle en s’exclamant « Et je vous annonce que dès 2008, nous
engagerons le programme Réunion 2030 ». Seul territoire nommément cité
par le Président, La Réunion
devait incarner l’innovation et l’excellence écologique.
Le Secrétaire Général aux Affaires Régionales de la
Préfecture, Jean Ballandras, rédigeait alors un programme dont la rhétorique un
peu pompeuse présentait GERRI (pour GreenEnergy Revolution Reunion Island ) comme une sorte de New Deal écologique et économique, voire, une révolution sociétale dont l'ambition était comparable, selon lui, au Centre Spatial Guyanais ou au Centre d’Expérimentation
du Pacifique . Avec
GERRI il s’agissait de faire de La
Réunion « le premier territoire aumonde où la totalité des déplacements se fera sans recours aux énergiesfossiles ». Politiquement, il s’agissait surtout pour le gouvernement de
faire pièce au projet d’autonomie énergétique défendu par Paul Vergès en
obligeant la Région à entrer dans un partenariat avec l’Etat.
Mais très vite, il est apparu que GERRI, sans financement ni
véritable projet politique de développement, n’était qu’une coquille vide. Même
le programme d’expérimentation de véhicules électriques lancé en janvier 2010
par Nicolas Sarkozy à La Réunion devant les patrons de grands groupes
industriels (Renault, EDF, Groupe Hayot, etc.) est un cuisant échec. Au final,
au lieu des 50 voitures électriques prévues, il faudra se contenter de 15 Kangoo et trois Fluence ZE achetées par des
collectivités. Véhicules qui émettront plus de CO2 que les moteurs thermiques
puisque l’électricité réunionnaise est pour l’essentiel issue de ressources
fossiles importées. C’est donc la fin d’une écologie conçue par des experts et
des technocrates comme un gadget technologique que l’on tente de vendre à
l’opinion publique par un discours grandiloquent, totalement coupé des réalités
réunionnaises. La décision du Conseil Régional était cependant prévisible depuis le changement de
majorité en 2010. Les liquidations successives de la recherche en géothermie,
du tram train ou de GERRI ont constitué les étapes obligées d’un programme bien
précis, l’enterrement de 1ère classe du rêve d’autonomie énergétique
de La Réunion. Avec une nouvelle route du littoral à 2,7 milliards d’euros pour
12 km, 800 000 véhicules sur les routes en 2020 et une nouvelle centrale
thermique au Port-Est, c’est au contraire, la dépendance énergétique qui va
s’accentuer fortement et alourdir la facture des importations. Six ans après
l’ivresse du Grenelle de l’Environnement, aujourd’hui, c’est plutôt la gueule
de bois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire