Effondrement décembre 2012 |
l'esplanade effondrée |
L’effondrement de
l’esplanade surplombant la plage des Roches Noires n’est qu’un nouvel épisode
du phénomène d’érosion qui affecte 50 % des côtes réunionnaises et qui semble
désormais irréversible du fait d’une artificialisation croissante du littoral
réunionnais. L’enrochement auquel la mairie de Saint-Paul a procédé pour parer
au plus pressé, est symptomatique de l’étroitesse des marges de manœuvres des
élus. On va peut-être freiner l’érosion mais en accentuant l’artificialisation du
rivage on le fragilise encore plus et on se condamne à devoir recommencer inlassablement
la même opération.
Les Roches Noires il y a quelques années |
enrochement : on pare au plus pressé |
Depuis cinquante
ans, la pression exercée par les activités humaines s’est considérablement
accrue à La Réunion, plus particulièrement sur le littoral où est concentrée la
population. Ce sont d’abord de
grands travaux d’artificialisation qui sont à l’origine des menaces, comme par
exemple l’endiguement des ravines, la construction de ports, de digues, de
l’aéroport de Gillot et de la route du littoral.
pose de tétrapodes sur la route du littoral (Imazpress) |
Cette dernière doit d’ailleurs
être régulièrement consolidée par l’ajout de tétrapodes pour éviter qu’elle ne
s’enfonce dans la mer. Toutes ces grandes infrastructures modifient les
transferts sédimentaires côtiers et ont comme conséquence indirecte l’érosion
de portions du littoral éloignées du lieu de leur construction.
Ainsi au
Port, la Pointe des Galets a subi une érosion de 230 m en 50 ans en raison de la perte des sédiments qui provenaient
de la Rivière des Galets et qui sont désormais bloqués par la jetée sud du Port
Ouest. Le même phénomène affecte le front de mer de Saint Benoît depuis la
construction de la digue du Butor.
Endiguement de la Rivière des Galets, Port Ouest et Pointe des Galets |
digue du butor et érosion du littoral (BRGM) |
Les menaces, ce
sont aussi des activités comme
l’extraction d’alluvions dans les rivières ce qui a comme conséquence de
limiter l’apport en sédiments ou encore la dégradation des récifs coralliens
qui perturbe leurs fonctions régulatrices.
Enfin, le non respect de la loi Littoral s’est traduit par la multiplication des constructions en dur empiétant sur la zone de stocks sableux qui permettait une régénération naturelle des plages par le mouvement des vagues.
Enfin, le non respect de la loi Littoral s’est traduit par la multiplication des constructions en dur empiétant sur la zone de stocks sableux qui permettait une régénération naturelle des plages par le mouvement des vagues.
document BRGM |
Désormais, l’action de la houle a un impact surtout destructeur.
La disparition de la plage de Saint-Pierre en face de l’ex gendarmerie en est l’exemple le plus frappant.
La disparition de la plage de Saint-Pierre en face de l’ex gendarmerie en est l’exemple le plus frappant.
disparition de la plage à Saint-Pierre |
Dans le contexte du
changement climatique et de l’élévation du niveau des océans, l’avenir des
plages réunionnaises est donc très
incertain. A quoi il faut ajouter la menace que fait peser le projet de la
nouvelle route du littoral dont une large partie reposera sur deux digues
monumentales.
Digue NRL |
Celles-ci, d’une
longueur totale de près de 7 km, auront 100 m de large à la base et une hauteur de 18 m au-dessus de
l’océan au lieu de 4 m actuellement ! Elles vont nécessiter près de 22
millions de tonnes de matériaux, 18
millions de tonnes de remblai et d’enrochements et 4 millions de matériaux
alluvionnaires donc l’extraction aura aussi un coût environnemental. Ces digues
auront, en dépit des dénégations officielles, des impacts importants sur le
littoral dans la mesure où elles vont modifier les transits sédimentaires.
A Maurice, en
Thaïlande, de vastes programmes de lutte contre l’érosion des plages sont mis
en place, mais comme à La Réunion, il s’agit en général de travaux accentuant
l’artificialisation des côtes et qui risquent de s’avérer coûteux, insuffisants,
voire contre-productifs. Reste la stratégie du repli des activités humaines, ce
qui supposerait une transformation radicale des activités économiques et d’un
mode de vie qu’on aurait pu croire immuable.
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